Matin de traversée
A bord de ces deux cent treize mètres de tôle vibrante
nous étions tous réunis par autre chose que l’escale lointaine.
Nous allions à la passerelle comme en pèlerinage
grimpant lentement les marches métalliques.
S’y presser n’aurait eu aucun sens
quand personne ne vous attendait, ni au pied ni au ciel.
Le pas lourd au contraire faisait monter au ventre
l’alliage du secret et du cœur de l’affaire.
C’est ici que l’on savait, c’est ici que l’on taisait.
Les cartes dépliées sur la table et les chiffres tassés en colonnes
dissipaient l’inconnu,
resserrant en un point
ce bateau-ci sur cette eau-là.
Mers et océans